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Ce blog m'appartient. Les textes qui sont les miens aussi.
La plupart des illustrations sont prises sur le net.
Certaines photos seront les miennes.
Ne pas copier SVP.

lundi 18 novembre 2013

De l'écran au Palais



Raphaëlle est comédienne et plus particulièrement actrice de cinéma. Avant de rencontrer l’homme de sa vie, elle la partageait entre plateaux, décors, extérieurs, projecteurs et des aventures amoureuses sans lendemain.

Raphaëlle n’est pas ce que qu’on peut appeler un canon de la beauté ni une  fille super sexy, non, elle a une beauté naturelle : de long cheveux châtains clairs, de beaux yeux verts, un petit nez à la retroussette et une bouche assez sensuelle.  Elle est juste belle, sans artifice ni maquillage à outrance.
Raphaëlle  est très demandée par les producteurs et metteurs en scène. Elle a du talent, gagne largement bien sa vie et habite un très bel appartement à Paris. Raphaëlle  à vingt huit ans.

Un jour de festival du cinéma, elle rencontre un homme dont elle tombe immédiatement et éperdument amoureuse. Ce sera lui, et pas un autre autre. Lui est charmé de suite par Raphaëlle ; il faut dire que ce jour là, elle est particulièrement ravissante et très séduisante.

Ils échangent quelques mots, et se donnent rendez-vous pour le dîner dans un petit restaurant discret dans un endroit tout aussi discret.  Ils se racontent leur vie et Raphaëlle, complètement subjuguée, apprend que Guillaume est Prince. Prince d’une petite Principauté située entre le Luxembourg et la France. Ce coup de foudre réciproque les amènera à passer leur première  nuit ensemble.

Le lendemain matin, Raphaëlle doit se rendre de bonne heure sur les lieux du tournage de son dernier film, loin de son Prince Charmant d’une nuit. Ils se quittent donc très tristes en s’échangeant leur numéro de portable et en se promettant de s’appeler le soir même.
Guillaume  est très prisée par la gente féminine, il a trente deux ans et est plutôt beau garçon. Un sourire enjôleur et une fossette au menton.
La charge de son titre l’amène à se rendre partout dans le monde. Lui, tout comme Raphaëlle de chez elle, est souvent absent de sa Principauté.

Le soir venu, Raphaëlle, au lit, exténuée par sa journée de tournage, appelle Guillaume, mais celui-ci ne répond pas. Elle lui laisse un message et s’endort. Elle n’entendra pas son appel quelques minutes plus tard. Le lendemain matin elle découvre son message. Celui-ci dit qu’il part pour la Thaïlande. Voyage dont il n’avait pas osé lui parler.

Leur situation professionnelle n’engendre point une relation  suivie de tous les jours. Le temps passe, leur rencontre se font par monts et par vaux, jusqu’au jour où Guillaume demande à Raphaëlle de l’épouser. S’ensuivra un beau mariage  avec quelques compromissions, Raphaëlle continuera à faire du cinéma, c’est sa seconde passion après son Prince.
Une année passe ainsi et les séparations pèsent de plus en plus sur Raphaëlle. Il lui faut prendre un avion pour retrouver Guillaume, l’espace  seulement des fois d’une seule journée. Elle en a assez de cette vie, c’est décidé, elle arrête de tourner pour se consacrer à son Prince et à la Principauté.
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Son dernier film terminé, dont le tournage était aux Antilles, elle fait une déclaration à la presse sur son souhait de changer de vie. Elle prend un avion et se rend chez elle, toute heureuse de retrouver son mari. Son Altesse n’est pas là. Il est une fois de plus en voyage diplomatique. « Ah oui, c’est vrai ! »  Dit-elle au majordome.  Elle défait ses bagages, prend une douche et s’installe confortablement au salon. Elle attend le soir pour appeler Guillaume. Pas de réponse, elle lui laisse un message pour lui annoncer qu’elle renonce à son métier.

Le lendemain matin, point d’appel de Guillaume ni de message. Il doit être très occupé, pense-t-elle. Deux jours se passent sans nouvelle de son Prince. Elle est inquiète et en parle au Majordome. « Ne vous inquiétez, Princesse » lui dit-il avec une drôle de tête. Il revient demain.

Le lendemain, Guillaume arrive au Palais. Il est tard dans la soirée. Elle s’est fait radieuse afin de l’accueillir, mais Guillaume, fatigué,  lui dépose un baiser sur la joue et lui dit : « Je vais me coucher ». Raphaëlle se sent très frustrée mais comprend et se dit qu’il ira mieux le lendemain matin. Quand Raphaëlle se réveille, Guillaume a déjà quitté le lit ; il est dans son bureau et travaille.
Sa Princesse veut entamer une conversation, elle veut lui demander s’il a bien eu son message lui annonçant sa rupture avec le cinéma, mais Guillaume ne veut pas être dérangé. Raphaëlle pense de suite que cela ne lui ressemble pas. A-t-il des soucis où a-t-il une liaison ? Les absentes nombreuses et prolongées de Raphaëlle ont fait peut-être qu’il s’est détaché d’elle.
Un frisson parcours son joli corps. Elle a une rivale, pense-t-elle. Pas étonnant que le Majordome faisait une drôle de tête, il doit savoir quelque chose, lui.
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Elle le lui demande : « Dîtes-moi, Charles, suis-je la bienvenue dans ce palais ?
« Bien sûr que oui, Princesse ».
« Ce n’est pas l’effet que cela m’a fait hier soir, ni même encore ce matin ».
« Vous vous faîtes des idées, Princesse. Le Prince va très bien. IL faut lui laisser le temps de s’habituer à votre présence, vous étiez tant absente ».

Raphaëlle se dit que Guillaume et elle pourront avoir une conversation au cours du repas de midi, mais le Prince a un rendez-vous en ville, un rendez-vous qui ne l’intéresserait guère, elle n’est pas conviée à l’accompagner.

Elle en est presque dépitée. Elle ne reconnaît plus son Guillaume. Pour se changer les idées, elle pense à aller faire un tour, histoire de connaître mieux la principauté. Elle s’habille de façon à ce qu’elle ne soit pas reconnue dans les rues. Elle fait quelques magasins, s’achète quelques vêtements, boit un thé dans un salon et rentre au Palais. Le Prince n’est pas revenu de son rendez-vous. Etait-ce un rendez-vous d’affaire ou un rendez-vous galant ? Raphaëlle prend peur, et sent son couple partir en vrille.

Au cours du dîner, elle demande à participer à la vie de la Principauté, à l’accompagner dans ses déplacements. Elle veut se consacrer à son couple et envisage d’avoir un enfant. Guillaume ne saute pas de joie.
« Un enfant, c’est la consécration d’un amour, non ? »
Et là, tout s’écroule.
« Tu aurais du abandonner ton métier pour pouvoir te consacrer à ton rôle de princesse et de future mère ».
« Mais je l’ai fait ! Et puis nous en avions convenu, j’étais actrice et toi Prince »
« Oui, mais ….».
«  Tu veux dire que c’est trop tard. Y aurait-il une autre Princesse dans ton cœur ? » Lui demanda Raphaëlle toute tremblante, connaissant la réponse d’avance.
« Oui »
« Tu vois, moi, pendant mes déplacements pour les tournages, je n’ai rencontré personne d’autre et surtout je n’ai pas essayé. Je suis resté fidèle parce que toi seul comptait, Je vois qu’il n’en a pas été de même pour toi ».
« Et c’est qui cette femme, voleuse de mari ? »
« Peut importe tu ne la connais pas, elle n’est pas d’ici ».
« Et puis je m’en fiche. Saute qui tu voudras. Je retourne à Paris ».
Raphaëlle quitte la table, tourne les talons, et les larmes aux yeux s’en va faire ses bagages. Elle ne restera pas une minute de plus dans cette demeure de malheur. Elle appelle un taxi pour se rendre à l’aéroport y attendre l’opportunité de pouvoir prendre un avion.

Le lendemain, elle est à Paris et retrouve son appartement, qu’elle n’a pas encore mis en vente, heureusement. Elle contacte son agent pour lui dire qu’elle est de retour, définitivement.
Elle reprend donc le cours de sa vie et par bonheur un film se présente à elle, le tournage doit se passer en Italie.
Sa séparation fait grand bruit dans la Principauté. Qui est cette Princesse qui quitte son mari et ses devoirs ? Les journaux en font leur grand titre, un peu partout en Europe. Elle décide donc d’organiser une conférence de presse pour mettre les choses au point afin de démentir ce que racontent les journalistes.

Devant son téléviseur, Guillaume, regarde et écoute, assez ému d’ailleurs. Une voix féminine lui dit :
« Es-tu sûr de ce que tu veux, maintenant ? Cette histoire ne va pas arranger tes affaires. Un Prince qui quitte son épouse parce qu’il a engrossé une connaissance, ça va faire désordre ».
« TAIS TOI !  »
« Pour tout de dire, elle a un autre standing que moi. Elle a une tête et une allure de  Princesse, elle, pas moi ».
Sur ce, Guillaume quitte la pièce et va s’enfermer dans son bureau.
A quoi, pense-t-il ? A-t-il des remords ? A-t-il fait le bon choix ? Il semble complètement perdu. Oui, pendant l’absence de sa femme, il l’a trompée juste une fois, allumé par une femme au cours d’une soirée entre amis.  Des sentiments d’une nuit, uniquement sexuels, ont bouleversé sa vie, et quand on est Prince,  on se retrouve en fâcheuse position.
Il réfléchit, mais à quoi ?

Au fait, qui est cette rencontre d’une soirée. Elle est Rolande, tout simplement Rolande, une fille de rien, qui a su jouer de ses charmes pour attirer le Prince dans son lit, et ce bêta s’est laissé prendre au piège.
Guillaume a dormi dans son bureau, Son réveil est dur tant il se sent anéanti, avec une perspective de vie qui ne pourrait lui convenir, avec une femme qu’il n’aime pas,  et dont la liaison fait déjà scandale. Comment se sortir de ce mauvais pas ? Il ne sait pas.
Ne lui vient pas du tout à l’idée de proposer de l’argent à Rolande pour qu’elle élève son enfant loin d’ici, ou pour se faire avorter. Non, il a trop de conscience pour cela.

Dans le courant de la journée, Rolande lui dit qu’elle a rendez-vous chez le gynécologue. Guillaume lui propose de l’accompagner. Elle refuse.
« Pourquoi ?  Je suis quand même en droit de savoir où en est ta grossesse ? »
« Mais c’est le tout début, y a pas à s’inquiéter ! Pardon, il n’ y a pas à s’inquiéter. »
« Comme tu voudras »
Le soir :
« Alors, tout se passe bien, demande le Prince ? « 
« Oui »
Le sujet est clos.

Le lendemain, une idée trotte dans la tête de Guillaume. Il appelle tous les gynécologues de la Principauté pour savoir vraiment si Rolande a consulté. Aucun d’entre eux n’a vu Rolande, pas même celui qu’il lui avait conseillé.
Le soir :
« Au fait, c’est qui ton gynécologue ? »
« Ben, celui que tu m’as dit »
« Non seulement tu ne parles pas bien mais tu es une menteuse, Tu n’as vu aucun docteur. Tu peux m’expliquer ? »
« Voilà, j’ai fait le pari avec une copine que je te ferais divorcer pour que tu m’épouses. »
« Tu es une grande  malade, ma pauvre fille. Quitte le Palais sur le champ, je te ferai livrer tes affaires ».

Guillaume est soulagé, mais comment va-t-il s’y prendre pour reconquérir Raphaëlle ? Elle ne voudra sûrement plus de lui. Il l’appelle sur son portable mais sa femme est en plein tournage. Il laisse ce message laconique
« C’est moi ».

Le soir, Raphaëlle trouve bien évidemment ce message et se demande quel en est son sens mais elle ne fit rien. Guillaume attendait pourtant son appel. Il décide d’en terminer avec cette histoire et organise, lui aussi, une conférence de presse. Il expie sa faute, marque ses grands regrets en insistant sur le fait qu’il sera, dorénavant sans défaut.

Raphaëlle, dans sa chambre d’hôtel, regarde et écoute son intervention à la télévision, mais ne semble pas émue le moins du monde. C’est bien fait, pense-t-elle. Le lendemain, sur le tournage, au cours d’une pause, sans le vouloir, elle pense à son Prince. Et le soir aussi. Et le lendemain matin et au cours de la journée, et celles qui suivent, d’autant que Guillaume laisse tous les jours ce message sur son portable :
 « C’est moi ».

C’est un appel au secours, un repenti. Elle s’imagine son Prince malheureux comme un chien, tournant en rond dans son  palais. Mais peut-elle avoir confiance en un coureur de mauvais jupons.
Un soir au cours d’un dîner dans un  Ristorante de la Via Claudia, restaurant qui évoque un bistrot Parisien mais dont la cuisine est résolument Italienne. Raphaëlle semble soucieuse et triste. Sa collègue de tournage, une toute jeune actrice montante, cette dernière  lui demande ce qu’elle a.
«  Imagine toi que mon prince Charmant veut que je revienne. »
« Tu pourrais lui donner une seconde chance »
«  Bien sûr que je peux, mais s’il recommence, je fais quoi, moi ? »
A ce moment de la discussion, le portable de Fleur tintinne dans son sac à main.
« C’est lui », dit-elle.
« Allez, réponds lui ! »
« NON. Tu vas voir, il va laisser le même message que tous les jours précédents ».
Effectivement Raphaëlle reçoit et lit un message   : « Reviens ».
« Tiens :! Cela se précise ! » Dit Raphaëlle « Et il pourrait dire s’il te plait ! ».

Le tournage se poursuit, les messages de Guillaume aussi. Reviens se transforme en je t’aime.
Puis, un matin, les "je t’aime" se transforment en j’arrive. Comment ça il arrive !
Raphaëlle est presque prise de panique. Partagée entre bonheur et colère ; elle se demande s’il va la surprendre en plein tournage ou à son hôtel. Exitée à l’idée de revoir l’homme de sa vie, le tournage d’une scène de réconciliation devant la fontaine de Trévise la perturbe quelque peu.


La scène doit se rejouer plusieurs avant le clac final. Le tournage terminé, elle rejoint son hôtel afin de se changer avant d’aller dîner avec sa compagne de travail.

Elle prend une douche, se fait belle et piaffe d’impatience. On frappe à sa porte : mon Dieu, c’est lui ! Se dit-elle. Elle va ouvrir, mais ce n’est pas Guillaume, c’est le garçon d’étage qui lui tend un papier. Elle le  remercie, referme la porte et s’empresse de lire :
Je suis au bar, viens me rejoindre, s’il te plait. Je t’offre un verre et on discute, je veux m’expliquer. Je t’aime.

Comment est-il sûr que je vais descendre, se dit Raphaëlle. Je me fiche de ses explications. Il m’a fait énormément souffrir et je ne suis pas encline à connaître à nouveau pareille mésaventure.
Puis, pourquoi me suis-je mis sur mon trente et un pour aller dîner ? Pourquoi me suis-je fait la coiffure qu’il préfère ?
Sur ce on frappe à nouveau à la porte. Mince, c’est lui ! Elle va ouvrir et ce n’est toujours pas Guillaume, c’est Coralie qui vient la chercher pour aller dîner.
« Il est en bas, il m’attends au bar ».
« Eh bien, vas-y ! »
« Tu crois ? »
« Je suppose que ce n’est pas pour moi que tu t’es faite aussi belle et élégante ? »
« Descends lui dire de monter, je préfère ».
« J’y vais et je vais me faire mon petite resto toute seule ».

Quelques instants plus tard, on frappe à la porte. Raphaëlle est dans tous ses états. Elle ouvre la porte, et ce n’est toujours pas Son Prince. C’est Coralie.
« Il veut te voir en bas avant ».
«  Bon j’y vais ».
« Ah, quand même ! »

L’ascenseur arrive au rez-de-chaussée juste en face le bar. Guillaume est là,  accoudé sur le zinc, en grande discussion avec une super nana, une grande brune, yeux noirs hyper maquillés, rouge à lèvres couleur cerise sur lèvres très pulpeuses. Elle est vêtue, comment dire … jupe très courte,  très courte même, petit haut qui ne cache pas grand-chose, collant résilles et bottes cuissardes, la fille tape à l’œil qui s’agenouille plus facilement que sur la place Saint Pierre.

Raphaëlle n’en croit pas ses beaux yeux verts, elle appuie sur le bouton du troisième étage pour retourner dans sa chambre.   Guillaume est un incorrigible Don Juan mais là, c’en est de trop.Elle se jette sur son lit et pleure.
Pendant ce temps-là,  le Prince se demande bien ce que Raphaëlle fait. Elle n’est toujours pas descendue ; il décide donc de monter. Il frappe à la porte de Raphaëlle, mais celle-ci n’ouvre pas, elle est effondrée de chagrin. Guillaume frappe à nouveau, il tambourine même, mais la porte ne s’ouvre pas.
« Rapha, ouvre moi ! »  Il l’a supplie plusieurs, mais la porte ne s’ouvre toujours pas.

Dépité Guillaume quitte l’hôtel tout en se demandant pourquoi Rapha a tout soudainement refusé de le voir, d’autant que Coralie s’était permise de lui dire qu’elle descendait. Le lendemain matin, il l’appelle sur son portable, et comme sa Princesse ne répond pas, il lui laisse un ultime message.
Pourquoi n’est tu pas venu au bar hier soir ?
Pourquoi n’as-tu pas voulu m’ouvrir ?

A la lecture de ce message, Raphaëlle décide de l’appeler. Il répond : « A c’est toi, enfin ! »
« Oui du con ! C’est moi et va te faire foutre ! » Et elle raccroche. Guillaume est interloqué par cette réponse au langage quelque peu châtier. Elle décide de lui laisser un SMS.

- Je suis descendue pour te rejoindre au bar et je t’ai vu en compagnie d’une femme pas sortie du beau monde.. Alors je me suis dit que s’il fallait que toute ma vie, je me pose des questions de savoir si je suis cocue ou pas, je préfère qu’on en reste là. Tu n’es plus mon Prince Charmant, Guillaume.
Tu es un Don  Juan d’opérette, un Roméo de pacotille. Contacte ton avocat, je contacte le mien. Cette fois ci c’est fini, Je te chasse de mon cœur et de mes pensées, pour me consacrer à mon travail, qui en fait est ma seule raison de vivre. 

Après le tournage du film, Raphaëlle retournera à Paris, retrouvera ses amies filles et amis garçons, retrouvera sa vie de célibataire. Il ne faut pas douter qu’un jour,  un homme amoureux et sincère, ni Prince, ni roi, ni Don Juan, ni Casanova, ne devienne l’Empereur de son cœur.

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jeudi 31 octobre 2013

Ile lointaine



Mon Île verte

Il est loin d’ici,
Dans un océan de vagues,
Une île verte et pourtant colorée.
Une île aux fleurs troublantes
Dont la Rose de Porcelaine
Une île  aux épices odorantes
Tel les colombo et  curry.
Souvent là-bas mes pensées divaguent.

Pour moi qui suit frileuse,
Il y fait toujours beau,
Sauf quand le vent se déchaîne
En un tourbillon de pluie.
Il y fait toujours chaud,
Sur terre et dans l’eau.
Souvent là-bas mes pensées m’entraînent.

D’un côté de mon île
Les vagues se meurent
Sur le sable chaud,
Et de l’autre côté,
Le sable se meure
Dans le calme et la douceur
De l’eau.
Souvent là-bas s’envolent mes pensées.

Sur le sable fin,
Quelques parasols naturels
Vous protègent
Des chauds rayons du soleil ;
La plage est si belle
Qu’ on pourrait y passer
des jours sans fin.
Jamais là-bas il ne neige.

La vie y est douce
Pour ceux qui ne font rien.
La montagne furieuse s’est endormie
Et c’est tant mieux.
Cocotiers, palmiers et bananiers y poussent.
Les gens de là-bas sont gentils
Et chaleureux.
J’attends  de pouvoir y revoir les amis.

Isabelle et Monique,
Les marchandes de bonheur
Du petit marché du village,
Où nous allons tous les matins.
 On peut y acheter  légumes pays
Fruits et  fleurs exotiques.
Du  rhum et du punch planteur,
Et des petits quelques choses
Pour rapporter en métropole.
Là-bas, dès le premier voyage,
Dès le premier séjour
 J’ ai attrapé un coup de cœur.

A BIENTOT  !

lundi 14 octobre 2013

chez Marguerite et Patient


Il est, là-bas, dans le Berry, plus précisément dans le petit hameau de Maimbray, non loin de la Petite Rivière, plus près d’elle que du Canal, une maison qui était celle de Marguerite et Patient, mes Arrière Grands-Parents, les Parents de ma Grand-mère.


Une maison modeste que je trouvais grande avec mes yeux d’enfant. La façade donnait sur un large passage qui menait chez les voisins, Wilma et Raymond, et de là, à la petite rivière que nous traversions sur un petit pont en bois rudimentaire. Le soleil entrait par deux  fenêtres à volets et une porte d’entrée qui donnait directement dans la pièce commune ; en été, cette porte était souvent ouverte. Un peu plus loin, juste avant la maison de Wilma et Raymond, un mur avec une porte que l’on passait pour aller chercher le grain des poules entreposé dans une vieille maie et où se tenaient les clapiers à lapins.

La pièce commune était meublée simplement. Dans le fond de la pièce et de chaque côté, un lit  rouleau pour deux personnes qui ne dépassait pas les un mètre trente de large. Une table de nuit avec l’indispensable pot de chambre et du côté du mur, une ruelle.
Entre les deux lits, une commode et une table carrée dont on tirait les rallonges quand toute la famille était réunie.

A droite de la pièce un grand buffet, je pourrai dire  de style Louis-Philippe. Il me semble qu’il était plus haut qu’un buffet normal, il se pourrait que ce fût un basset. Je ne sais pourquoi, mais quand j’étais petite, ce buffet me plaisait beaucoup. Au-dessus de ce buffet était accroché une grande glace inclinée qu’appréciait beaucoup ma Tante Suzanne, la sœur de ma Mémé, parce qu’elle faisait paraître les silhouettes moins grosses.

Juste derrière la porte, et avant celle d’une autre pièce un évier en pierre qui servait autant pour la vaisselle que pour la toilette. Il n’y avait pas l’eau courante , il fallait tirer celle du puits.
Sous la fenêtre une grande table au bout de laquelle se tenait souvent Patient quand il n’était pas à son jardin. C’est à cette place qu’il coupait des mouillettes pour toute la famille quand nous faisions un dîner « œufs à la coque ». Dans le creux de son bras valide il tenait un gros pain de quatre livres et avec celui handicapé, il taillait des mouillettes aussi droites que régulières. C’était une petite corvée qui lui était destinée et qu’il faisait avec grand plaisir. Patient  avait fait une congestion cérébrale, comme on disait dans ce temps là, alors qu’il était à l’arrière du front du côté de Verdun en 1918 -.

Il était rentré à la maison, après une longue hospitalisation, touché psychologiquement et physiquement. Tout son côté droit était paralysé. Il traînait de la patte comme on dit et tenait son bras  handicapé plié contre sa taille, point fermé.  Il dut apprendre à se servir de sa main gauche. Patient était habillé à l’ancienne, culotte de velours noir et ceinture drapée autour de la taille et il était chaussé de sabots en bois.
Marguerite, elle, était toujours en longue robe noire avec un tablier. Ses cheveux gris étaient rassemblés sur sa nuque en une longue tresse dont elle faisait un petit chignon.

Dans le fond de la pièce à gauche, un placard, puis la grande cheminée. Dans le milieu de la pièce, un poêle qui produisait un peu d’eau chaude, et sur lequel bouillait la marmite. C’était aussi l’hiver, le seul moyen de chauffer la pièce.

Chaque lit était paré, outre les draps et les oreillers blancs, d’un  gros édredon rouge dans et sous lesquels j’aimais me glisser avec pour me réchauffer, une brique chaude aux pieds enveloppée dans du papier journal. Je me souviens qu’il y avait une bassinoire  en cuivre accrochée au mur. Ces lits avaient beaucoup de charme. Marguerite et Patient dormaient dans le lit de gauche.

L’autre pièce était une chambre  avec une coiffeuse en bois, cuvette et broc en faïence, et glace bambou au mur. Je me souviens m’y être lavé les dents, quand je dormais chez Marguerite et Patient, avec une pâte dans une boîte et non un dentifrice en tube. Dans cette chambre, il y avait une armoire et un lit métallique. Curieusement la porte de la cave donnait dans cette chambre et dans la cave il y avait une porte qui s’ouvrait sur le potager de Patient.

Dans la cour, juste à gauche du portail, il y avait un pommier à pommes « beurre » dont nous nous régalions, un escalier extérieur pour monter  au grenier, une remise dans laquelle nous jouions les jours de pluie et même les jours de beau temps et au plafond de laquelle était suspendu un garde manger qui protégeait des mouches les fromages que faisait Marguerite. Nous jouions entre le tas de bois, réserve pour l’hiver, et un engin en bois, long formé d’un genre de poutre sur des pieds avec une paire de cornes en bois également. Cet engin est une chèvre et Patient l’utilisait pour scier les bûches de bois.

A côté de la remise, la cabane au fond de la cour et derrière elle le tas de fumier dans lequel mes cousins  prélevaient des asticots pour aller à la pêche. Car outre les dîners oeufs à la coque, des dîners friture et soupe à l’oseille  faite au lait réunissaient également toute la famille.
En face de ce côté de la cour, le puits à roue avec un bac en ciment dans lequel mes cousins y déposaient, après l’avoir remplie d’eau, le fruit de leur pêches dont des poissons chats.

Dans cette cour on donnait le grain aux poules et Marguerite les appelait par des « Petits ! Petits ! Petits ! » Nous y faisions des courses en sac mémorables. Au fond à droite dans cette cours se dressait un magnifique noyer, et à droite de notre air de jeux, le potager de Patient. Malgré son handicape physique, il faisait son jardin du bêchage à la récolte. Entre la cour et le potager, des pruniers, un altéa ou peut-être des roses trémières.
Je me souviens aussi des tours de poussette que nous faisions tant dans la cour que dans le passage et d’un jour maudit où mon cousin Yves était au guidon  et promenait mon petit frère. Au sortir de la remise dont le sol était un peu plus haut que celui de la cour, la poussette bascula en avant et mon petit frère alla  écraser son petit nez sur le guidon, ce qui fit le désespoir de mon cousin, qui vint au « Château » au chevet du bambin.

Dehors, dans le passage, sous une des fenêtres de la maison, à côté du pas de la porte, un carré cimenté, un banc sur lequel Marguerite, mais surtout Patient, prenaient le frais des soirées d’été. C’est sur ce banc également que Patient nettoyait les poissons pêchés par mes cousins, Il jetait les déchets au sol, les poules se régalaient et nous, nous nous amusions à faire éclater les vessies avec nos pieds.

Pour mettre un peu de beurre dans les épinards, Marguerite battait la campagne sur son vélo noir pour aller faire des piqûres prescrites par le Docteur du village.

En fait nous étions souvent une grande famille dans la maison de Marguerite et Patient.
Mes Grands-Parents, mes Parents, ma sœur, mon frère et moi, le frère de ma Grand-Mère, la sœur de cette dernière, ma Tante Suzanne, et son mari. Mes cousins Gérard et Yves et ma cousine Nanou. Mes deux oncles se prénommaient tous les deux Henri, aussi l’un était Tonton Henri, l’autre Tonton Parrain puisque ce dernier, le frère de ma Mémé était le parrain de ma Maman. Pour distinguer aussi Marguerite et Patient de mes Grands-Parents, Marguerite et Jean, ils étaient Mémé et Pépé Maman, puisqu’ils étaient les Grands-Parents de Maman.

Je me souviens aussi des repas de famille au cours desquels Marguerite régalait le palet de tout son petit monde en nous concoctant de délicieux civets de lapin. Il paraît qu’elle n’aimait pas tuer ses petites bêtes à poils, et que  rien qu’à la pensée de sacrifier un de ses lapins, cela la chagrinait pendant deux ou trois jours avant le jour fatidique. Je n’aimais pas voir ces pauvres bêtes dépecées de leur belle fourrure, pendues à un crochet et sanguinolentes. Par contre, dans mon assiette, j’aimais bien.


De gauche à droite, ma cousine Nanou, Bibi, Marguerite et Patient.

Je remercie ma Cousine Nanou pour sa participation à la rédaction de ces souvenirs. Elle a pallié à mes trous de mémoire et à mes imprécisions. Marguerite et Patient étaient ses grands-parents.
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mercredi 25 septembre 2013

Blanche




Ne pas copier SVP

Nous sommes en 1923, dans un village du Berry, non loin de Gien.
Blanche  a 25 ans et a une petite fille de cinq ans. Son Mari, Julien est mort dans les tous derniers mois de la Grande Guerre, dans la Marne. Il avait eu sa dernière permission quelques mois auparavant. Il était menuisier de son métier et Blanche travaillait  comme repasseuse dans une  blanchisserie. Sa patronne étant tombée gravement malade, la blanchisserie ferma boutique. Julien n’aura pas eu le bonheur de connaître son enfant.

Pour subvenir à ses besoins et ceux de sa petite Clémentine, Blanche dut chercher un autre travail. Elle trouva une place de domestique dans le petit château des Tilleuls, éloigné de plusieurs kilomètres de la ville. Les propriétaire et habitants du château forment un couple très mal assorti, sans enfant. Il emploie également une cuisinière et un jardinier.

Tout ce petit monde est logé dans une des dépendances du château, Chacun à sa propre chambre mais utilise une salle d’eau commune.
Madame de…, ne fait rien de ses journées, sauf à faire des remontrances  à son époux, et tout particulièrement au jardinier, quelle ne supporte pas davantage que Monsieur. Le château étant éloigné de quelques kilomètres du village ou Blanche habite dans une modeste demeure, elle s’y rendit à bicyclette.

Blanche a droit à un jour de congé par mois. Elle se rend au village très tôt le matin pour revenir tard dans la soirée, ce afin de profiter au maximum de son enfant, qu’elle arrache avec amour et tendresse à sa Nounou, le temps de cette journée bonheur.
Des mois passèrent ainsi et Blanche devint de plus en plus fatiguée par les lourdes tâches qui lui incombent : le ménage, la lessive, le repassage,  le service des repas et l’aide qu’elle doit apporter en cuisine.

Blanche est une jolie jeune femme aux cheveux cours ondulés, châtains clairs, mais son joli minois est devenu aussi blanc que son joli nom. Elle semble inquiète, soucieuse et est très peu souriante depuis un moment, elle, qui était le sourire même.

Monsieur de… partage son temps entre la pêche et la chasse, le jeu de cartes avec des amis et autres occupations beaucoup moins respectables. Madame de… lit beaucoup, elle coud ou brode de temps en temps, ou fait du crochet quand elle en a envie.

Sans aucun doute, Blanche cache un secret dont elle ne parle à personne, car, se dit-elle, si je dis ce qu’il m’arrive, je suis sûre de perdre ma place. Mais comment cacher encore longtemps que son ventre s’arrondit d’autant que Blanche n’a aucune liaison avec un homme depuis la disparition de Julien. Madame de …ne manquerait pas de lui demander de qui est cet enfant.

Un jour, alors que Madame de… est allée à la grande ville, comme pour échapper à la vie pesante qui règne au château, Blanche partit au village à bicyclette avec son petit bagage. Elle attendait ce jour depuis un mois.
Jamais elle n’arriva chez la Nounou de Clémentine. Jamais donc elle ne revint au château.

La police fit des recherches sur le trajet emprunté par Blanche. Ni son vélo, ni son sac ne furent retrouvés. Madame de… suggéra à la police de chercher dans la rivière qui coule entre le village et la propriété. Ces recherches ne permirent  de retrouver ni l’un ni l’autre, et encore moins Blanche.

Mais où est-elle passée ? Une fugue ? Est-elle partie loin pour cacher sa grossesse et chercher  un autre travail ? Il est évident que cette disparition est mystérieuse car Blanche ne serait jamais partie sans son enfant.
La police interrogea Monsieur et Madame de…-. Madame ne comprenait pas que Blanche ait pu disparaître ainsi, et Monsieur de…,  pour lui, elle est  partie avec  un gars du village  qu’elle aurait rencontré un jour qu’elle était allée voir Clémentine.
-- Comment savez-vous qu’elle avait un amoureux ? Lui demande sa femme.
-- Parce qu’elle me l’a dit.
-- Ah bon ! Elle vous faisait des confidences à vous  !
-- Pas spécialement, c’est en parlant, c’est tout. Je lui avais demandé si elle avait quelqu’un dans sa vie et elle m’a dit oui.

Le commissaire de police resta dubitatif  et reviendra quelques jours plus tard avec un mandat de perquisition, car il lui ai venu à l’esprit que, peut-être, Blanche ait pu ne jamais quitter le château. Tout fut fouillé, le château, ses dépendances, le jardin fut ratissé. Rien, Blanche a belle et bien disparu. Monsieur de... trouve ces recherches complètement farfelues et ne manque pas d'en faire à ces Messieurs de la police.

Le commissaire alla interroger la Nounou de Clémentine.
-- Elle avait l’air soucieuse ces derniers temps, elle craignait je ne sais quoi. Elle semblait malheureuse. Elle m’avait dit :
-- je suis dans une fâcheuse situation et je ne sais que faire. Je vais sans doute perdre mon travail alors que je vais  en avoir doublement besoin. Je suis perdue.
-- Le « doublement » me laissa à penser qu’elle était enceinte mais je n’ai pas osé lui poser la question. Notre conversation en est restée  là.

Au château des Tilleuls, Madame de… ne mit pas de temps à trouver une autre domestique pour remplacer Blanche. Une veuve de guerre également, plus âgée que Blanche et beaucoup moins attirante.

Cette dernière trouva entre le matelas et le sommier de son lit, précédemment occupé par Blanche une enveloppe destinée à Madame de...-. Elle la lui donna et Madame de… lut ceci :
« Madame, J’ai honte pour ce qui va suivre, bien que je ne sois pas fautive de ce qui m’arrive.  J’ai peur que Monsieur de… ne m’en veuille beaucoup. Il me menace constamment, cela devient impossible. Si je viens à disparaître, je veux que vous preniez soin de ma petite fille,, je ne veux pas qu’elle aille à l'orphelinat. Voilà ! Monsieur de... m’a menacé de me renvoyer si je disais qu’il m’a forcée, un jour que vous n’étiez pas là, à coucher avec lui. Il m’a dit « c’est ça ou la porte ». J’ai voulu résister mais il m’a prise de force en me disant que c’était le lot de toute domestique.
Après cela, j’ai évité de me trouver seule avec lui et un mois après, je me suis aperçue que j’étais enceinte. Je lui en ai parlé et il m’a dit de mettre cela sur le compte d’un gars de passage au village. IL a ajouté que quand vous vous apercevriez de mon état, vous me mettriez à la porte.
Pardonnez-moi, Madame. »
Blanche

Madame de… est bouleversée, plus par Blanche que par l’acte de son Epoux.
Celui-ci ne se contentait pas des prostituées qu’il avait l’habitude de fréquenter à la ville.  Elle enferma à clé la lettre de Blanche dans son secrétaire et elle garda pendant quelques temps cette histoire pour elle-même. Elle ne voulait pas qu’elle fasse le tour de la région. Les relations du couple devinrent de plus en plus tendues. En fait bien que vivant sous le même toi, il vivait, pour ainsi dire, séparément.

Un jour qu’elle alla au village, elle rendit visite à la Nounou de Clémentine. Ne pouvant continuer à s’occuper d’elle sans compensation financière, elle l’avait confié à l’orphelinat de la grande ville voisine. Madame de… eut beaucoup de regrets de ne pas être venue plus tôt.

Un mois passa et pleine de remords, Madame de… se décida à montrer la lettre de Blanche au commissaire Boisjean.
-- Je ne peux plus vivre avec la pensée de tous les jours que peut-être  mon époux est  à l’origine de la disparition de Blanche.
-- Hum ! Fit le Commissaire.
-- Pour tout vous dire, je suis sûr que Madame Blanche n’a pas disparu de sa propre volonté. Je vais aller interroger votre mari.

-- Monsieur de.., je suis toujours à la recherche de Madame Blanche ou plus précisément de son corps, car je pense qu’elle est morte. 
Aucune réaction de gêne et encore moins de culpabilité ne se lut sur son visage. 
-- Que s’est-il passé exactement le jour de sa disparition ?
-- Ce matin là, mon Epouse est partie avant elle pour se rendre à Gien. Blanche était en train de se préparer pour partir voir sa fille. Je ne sais plus ce que je lui ai dit, mais elle m’a manqué  de respect cette petite gourgandine.
-- Et alors ?
-- Alors, je l’ai mise à la porte sur le champ.
-- Pourquoi, d’après vous, n’a-t-elle pas emporté toutes ses affaires ?
-- Est ce que je sais, moi !
-- Pourquoi ne pas avoir dit à votre Epouse que vous aviez renvoyé Blanche ?
-- Parce qu’elle l’aimait bien et qu’elle m’en aurait fait toute une histoire.
-- Savez-vous que vos réponses ne me conviennent pas ?
-- Peut-être, mais je ne peux pas vous en donner d’autres.
-- Moi, je suis sûr que si vous l’avez renvoyée, ce qui reste à prouver, c’est pour une toute autre raison.
-- Et ce serait laquelle, d’après vous ?
-- Parce que vous l’avez  engrossée !
 Monsieur de… éclata de rire.
-- Moi ! Coucher avec la bonne ! Elle est comique celle-là ! Quand j’ai envie d’une femme, puisque la mienne se refuse à moi depuis longtemps, je vais chez Madame Rosa.
-- Un petit extra avec une domestique, c’est pas mal non plus, ironisa le Commissaire Boisjean.
-- Puisque je vous dis qu’il ne s’est rien passé avec Blanche.
Le commissaire sortit la lettre de sa poche et la lut à Monsieur de...-.
Celui-ci blêmit tout en se rebiffant.
-- Mais ce n’est pas moi, c’est un vaurien qu’elle a rencontré au village.
-- Ben voyons ! Et comment le savez vous ?
-- Parce qu’elle m’en avait parlé ! Je vous l’ai déjà dit, Commissaire.
-- Admettons. Mais comment expliquez vous, qu’on ne retrouve pas sa trace ?
-- C’est parce qu’elle est partie loin.
-- Avec sa bicyclette ?
-- Pourquoi pas.
Monsieur de… répondait avec tact et assurance. 
Quelques jours  plus tard, une nouvelle perquisition est effectuée de fond en comble. Aucune présence d’un corps, d’une bicyclette et d’un baguage. Ce serait-elle quand même jetée dans la rivière ? Pensa le Commissaire, mais elle ne pouvait le faire que de la rive, ou alors aller très loin pour se jeter d’un pont, mais d’un pont, elle n’aurait pas pu le faire avec son vélo, avec son bagage peut être, mais pas avec le vélo.
.

Le Commissaire est à peu près certain que Monsieur de… a tuée Blanche et qu’il a fait disparaître son corps, son vélo et son bagage, mais où ?
De son côté, Madame de… pense de même. Etant l’héritière du château des Tilleuls donc la propriétaire, elle demande à Monsieur de… de partir vivre ailleurs. Avant de se rencontrer, Monsieur de… vivait dans une jolie petite demeure, dans un village voisin, demeure composée de plusieurs bâtiments dont une ferme qu’il loue à un cultivateur, ainsi que quelques terres.
-- Et où vais-je aller vivre maintenant ?
-- Cela m’est complètement égal mon cher.  Vous allez bien trouver de quoi vous faire une petit chez vous, chez vous.
Soudain, Madame de… se demande si Blanche ne serait pas là-bas. Elle en informe de suite le Commissaire. Une perquisition s’impose. Tout est fouillé minutieusement,  le puits est sondé, mais toujours rien.
Blanche, la fille perdue est perdue à jamais. Aucune charge, faute de preuve, ne sera relevée envers Monsieur de…, qui s’installe dans l’un de ses bâtiments et vit de ses petites locations. Madame de…, elle, est fortunée. Elle a fait un gros héritage et loue, elle aussi, quelques terres qui lui appartient, à des fermiers du coin.

Le calme est revenu au château. Madame de… ne vit plus seule, elle a adopté la petite Clémentine. Une nuit que la pleine lune perturbait son sommeil, elle repensa à Blanche et se mit à regretter de l’avoir prise à son service. Puis lui vint une image : le puits qui se trouve à côté d’une petite maison de vigne sur l’une de ses terres. La police a perquisitionné chez Monsieur de…, mais pas là.
.


Le Commissaire n’y croit plus de trop mais on sonde le puits qui se trouve à côté de la petite maison de vignes et on regarde à l’intérieur de celle-ci. Rien. Blanche s’est volatilisée.
Le commissaire Boisjean interroge les trois fermiers qui travaillent sur les terres de Madame de...-. Il remarque dans la cour de l’un d’eux, une bicyclette de femme.
-- Cette bicyclette est à votre femme ?
-- Oui, c’est Monsieur de... qui la lui a donnée.
Le Commissaire tiendrait-il enfin une piste ?
-- C’était quand ?
--Ben, je ne pourrais pas vous dire exactement, mais cela fait plusieurs mois.
-- Tiens : Tiens ; fit l’inspecteur. Cela se précise, pensa-t-il.

Il fait part de sa découverte à Madame de… -.
-- Ah, je savais bien que c’était lui ! 
.


L’inspecteur se souvient subitement que le sol de la petite maison de vignes est fait de vieux carreaux de terre cuite posés à même la terre battue. Il y retourne, muni d’une pioche et d’une pelle prêtées par le Jardinier de Madame de...-. Il déplace les carreaux et constate que le sol a été récemment retourné ; il pioche, il pellete. C’est sûr, le corps de Blanche est là dessous. Il pioche de plus belle, il pellete, il pellete, et Blanche est là ; enfin ce qu’il en reste. Elle est ensevelie dans sa jolie robe qu’elle avait mise pour aller voir sa petite Clémentine, son petit bagage à côté de sa tête. Le Commissaire retourne rapidement au commissariat, avertit le procureur de la République, qui lui délivre un mandat pour aller arrêter Monsieur de...-.
Pensant qu’il  avait commis le crime parfait, il n’avait même pas pensé à partir loin, voire quitter le pays. Il fut arrêté chez Madame Rosa où il avait ses habitudes. Inculpé de meurtre avec préméditation, il est emprisonné en attendant son procès. Mais voilà, il fut pris d’un malaise dans sa cellule. Transporté à l’infirmerie de la prison, il y décède d’une congestion cérébrale. Il échappa ainsi à un procès et il se pourrait bien, à la peine capitale.

La  mort de Blanche resta donc  impunie, mais Madame de… est satisfaite  d’avoir pu faire éclater la vérité. Le calme revint pour de bon au château et la petite Clémentine est, dorénavant, son petit bonheur.

FIN
Copyright

mercredi 11 septembre 2013

Septembre

 

                                           
            Quand Septembre pointe le bout de son nez,
Annonciateur de la fin de l’été
De la fin  du temps chaud,
Et de l’arrivée de l’automne,
Je ne suis plus moi-même,
Moi, la fille du soleil et des jours les plus beaux.
.
Quand fin Septembre
Est au coin du chemin,
 Que le temps devient monotone
Et que plus courts se font  les jours,
Je ne suis plus la même,
Moi, la fille de l’été et des plus beaux jours.
.
Je n’irai plus au jardin
Voir mes légumes et mes fleurs ;
De ma pièce à fourneau
Je regarderai les oiseaux
Casser la graine au resto,
Mais pour autant je ne serai pas moi-même,
Moi, la fille des fleurs
Et des jours les plus beaux.
.
Novembre et Décembre
Ne passeront pas aussi vite
Que le printemps et  l’été,
J’ai froid la nuit, j’ai froid le jour,
Je ne me sens plus la même,
Je deviens la fille des plus mauvais jours.
.
Les couleurs chaudes de l’automne
Ne me consolent point.
Noël est un moment heureux de l’hiver,
Avec son repas et ses cadeaux,
Je n’aime pas le ciel gris monotone,
Je ne serai pas moi-même,
Moi, la fille du temps chaud
Et des jours les plus beaux.
.
Il me faudra encore attendre
Que Janvier et Février passent,
Attendre encore et toujours,
Des semaines,
Des jours et des jours,
Avant que le printemps ne revienne,
Afin que moi-même  je redevienne,
                    La fille du ciel bleu et des plus beaux jours. 
.