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vendredi 3 février 2017

Souvenirs, souvenirs !

Je suis née petite fille de Paris, en l'an 1948. Mes parents m'ont fait naître en plein mois de janvier, en hiver donc, moi qui suis plutôt la fille du Dieu Soleil que la Reine des Neiges. Je suis un mix de rillettes sarthoise et de beurrée berrichonne. J'ai vu le jour dans le onzième arrondissement de la plus belle ville du monde, sans doute à l’Hôpital Trousseau.

Bien évidemment, je ne puis me remémorer ma période bébé joufflu et potelé et ai très peu de souvenirs de l'appartement pour ainsi dire pas du tout, appartement que nous occupions au 97 de la rue de Charonne, porte B à gauche dans la cour arborée, au sixième étage. Par contre je me rappelle bien de celui de ma Mémé Marguerite et de mon Pépé Jean, qui, eux, demeuraient dans le même immeuble au troisième, sans doute parce que nous y étions fourrées assez souvent, ma sœur et moi.
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L'immeuble du 97 est situé en face du bâtiment de l'Armée du Salut et entre lui et la rue Faidherbe , il y a l'Impasse Franchemont où tout au bout de cet impasse à droite, vivaient ma Tante Suzanne, la sœur de ma Mémé, son mari, mon oncle Henri et mes deux cousins, Yves et Gérard, dans un appartement très modeste.

Chez ma Tante et mon Oncle, je me rappelle des tournées de crêpes ; je ne sais plus si c'est ma Tante qui faisait la pâte, sans doute que oui, mais c'est mon Oncle qui cuisait et retournait d'un geste précis les crêpes, un Louis d'Or dans la main.


Quand je fus en âge d'aller à l'école, Maman nous accompagnait à l'Ecole Saint Bernard dans la rue du même nom.
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A gauche 1er rang,  pas à la table ronde,la petite joufflue au gilet à carreaux
Puis, et sans doute à cause de la naissance de mon petit frère, nous déménageons avenue Parmentier, au 129 -. Bel immeuble doté d'une belle porte cochère ; notre appartement était situé au quatrième étage, sans ascenseur, tout comme rue de Charonne d'ailleurs.




Contrairement à notre ancien appartement, je me souviens bien de celui de l'avenue Parmentier. Il était composé d'une entrée assez réduite, d'une petite cuisine à droite, d'un séjour que mon Papa avait agrandi en prenant sur un couloir qui allait de l'entrée à la salle d'eau, après avoir découpé la cloison dans son pourtour et poussé celle-ci contre le mur du dit couloir ; la chambre de mes parents dans laquelle donnait la porte de salle d'eau tout en longueur, équipée d'un seul lavabo et de toilettes ; mon petit frère dormait dans la chambre de mes Parents et ma sœur et moi avions une chambre commune. Nous disposions d'une cave dans laquelle le charbon était entreposé pour les quelques poêles au moins deux, seuls moyens pour chauffer l'appartement. Toutes les fenêtres de celui-ci donnaient sur une cour. Par celle de la cuisine,  sur des chaises posées sur la table, nous regardions le feu d'artifice de chaque 14 juillet, bien évidemment quand nous étions à Paris ce même mois.



Ma sœur dormait dans un lit normal avec cosy et moi dans un divan que l'on transformait tous les soirs, avec l'aide de mon papa, en lit, bataille de polochons à la clé et que le matin, ma Maman remettait en version divan. C'est dans ce petit lit que je lisais la Comtesse de Ségur et le Club des Cinq avant de m'endormir, en compagnie de mon Nounours adoré, Martin.

Notre Ecole, située au 111 n'était pas très loin, nous nous y rendions à pied. Entre l'Ecole et notre immeuble, je me rappelle de quelques commerces, tels un magasin dans lequel ma Maman m'avait acheté des plumes « Françoise » car j'étais incapable d'écrire avec les « Sergent Major » sans faire de gros pâtés, ce qui déplaisait fort à ma maîtresse ; un crémier qui vendait du beurre en motte et de la crème au détail, une boulangerie ou nous achetions chaussons aux pommes ou palmiers bien dorés pour nos quatre heures et un coiffeur dans la vitrine duquel je reluquais une barrette ronde extensible et dorée que j'aurais bien voulu avoir pour attacher ma queue de cheval.


Il n'était pas rare certains Dimanche, que mon Papa allait acheter des croissants dans la boulangerie située en face, de l’autre côté de l’avenue, pour nos petits déjeuners dominicaux, boulangerie qui en 2010 était toujours en place.




Notre immeuble était situé entre deux cafés, d'un côté entre le café et l'immeuble il y avait un fleuriste. Le jour où je fus atteinte d'un abcès à la gorge, un des cafés, celui après le fleuriste, nous est venu en aide en nous procurant un siphon d'eau de Seltz, prescrit par notre médecin Traitant.

La vie au 129 de l'avenue Parmentier s'écoula entre école, messes du Dimanche à l'Eglise Saint-Joseph, les jeudis après midi à l'Alhambra pour le spectacle « Les Beaux Jeudis » animé par Jean Nohain. Ah que de bons souvenirs ! Ray Ventura et son Orchestre, Fernand Raynaud et Achille Zavata, souvent accompagné de son clown blanc. Ou alors, nous allions au patronage dont les locaux étaient situés de l'autre côté de la rue du Faubourg du Temple, de là, nous allions souvent passer la journée aux Buttes Chaumont ; on y jouait aux gendarmes et aux voleurs.




Ma sœur et moi allions aux cours de danse rythmique qui se tenaient dans le préau couvert de l'école et aux cours de piano qui avaient lieu le dimanche après la messe, également dans notre école. Nous avons abandonné le piano mais pas la danse.



Nos Parents nous emmenaient au cinéma, au Palais de Glaces (qui maintenant est un théâtre) en bas de la rue du Faubourg du Temple ; je me rappelle bien du film « Les Lavandières du Portugal, avec Jean Claude Pascal et Anne Vernon.





Rue du faubourg du temple se tenait un marché, nous y rencontrions des fois l'animateur du jeu radiophonique de France Inter, le jeu des mille francs, Lucien Jeunesse, qui habitait cette rue. Plus haut en remontant sur Belleville, il y avait un magasin, genre monoprix, Dimax où Maman nous achetait des caramels mous. Je suis passée devant il n'y a pas si longtemps .

Je ne veux pas oublier les visites du musée Grévin que j'affectionnais tout particulièrement.



Puis les années passant, je me souviens aller avec ma soeur au cours de danse classique dans le passage des Panoramas sur les grands boulevards, pour y faire des pointes, des ronds de jambes et des entre-chats. Nous avions donné un spectacle à la salle d'Iéna, ma sœur en tutu blanc et chaussons de pointe, moi en tunique en tissu satinée bleu ciel avec une ceinture en velours bleue nuit et des ballerines blanches. Ma soeur avait dansé sur l'air de la chanson "Deux petits chaussons de satin blanc" du film de Chaplin, "Limelight", et moi, sur l’air de la chanson d’Henri Salvador, « le Loup, la Biche et le Chevalier ».



Parallèlement à tout cela, nous allions 


Rue où mes Grands-Parents tenaient une loge au n° 9, car entre temps, devant le malheur qui avait frappé le frère de ma Mémé. Mon Tonton, que nous enfants,  appelions Tonton Parrain, car il était le parrain de ma Maman et surtout pour le différencier de mon Oncle Henri, car ces Tontons se prénommaient tous les deux Henri, mes Grands-Parents lui sont venu en aide.

 
l'ancienne  loge du 9


Mon Tonton avait perdu sa femme d'un cancer. Ma Tante Jeanne tenait la loge du 17 de cette même rue et mon Tonton travaillait à l'extérieur, je crois aux Phares et Balises. Quand il s'est retrouvé seul avec sa petite fille de 10 ans, ma cousine Nanou, il lui était impossible d'assumer le 17, aussi mes Grands Parents, le cœur sur la main, ont quitté travails respectifs et la rue de Charonne pour venir en aide à mon Tonton. Ma Mémé était couturière et mon Pépé électricien.


l'ancienne loge du 17

Nous y allions souvent au 9 passer les journées du Dimanche ; je me souviens des repas de Noël qui se terminaient en général par des parties de Nain Jaune ou de roulette au cours desquelles mon Pépé misait des centimes de francs pour nous faire plaisir.

C'est de là que nous nous rendions au Jardin du Luxembourg, Ma sœur, ma cousine Nanou et moi :

Balançoire, friandises achetées dans les kiosques à bonbons, tours de manège, patins à roulettes et séances de théâtre, avec Guignol et belles marquises.



La vie s'écoulait ainsi et malgré mes dix ans, elle me plaisait beaucoup. Un jour pour Noël ma sœur et moi avions eu un superbe landau chacune et nous promenions notre baigneur sur le trottoir de l'avenue Parmentier, tout comme nous accompagnions notre petit frère quand il faisait de la voiture à pédales, une 2cv grise avec pédalier à chaîne, s'il vous plaît !



Puis un jour, sans doute lassés par la vie parisienne - mon Papa travaillait sur la Nationale 7 à Juvisy en banlieue, mes parents nous annoncèrent notre déménagement pour un pavillon à Savigny sur Orge où habitait depuis de longues années déjà, mon autre Mémé, Virginie.



Adieu, donc Paris ! Et tout ce qui allait avec. Une nouvelle vie commençait tout comme celle d'après quand nous déménagerons une nouvelle fois pour la Campagne Sarthoise. Mais mon cœur appartient toujours à Paris, où je retourne de temps en temps, pour mon plus grand plaisir, pour retrouver mes racines, pour me ressourcer car la Seine coule dans mes veines, à croire que Paris, Ma Ville, est dans mes gènes.



Avant cela, j'y étais retournée travailler en tant que steno-dactylo dans une société de crédit, rue du Cirque, une année à cheval sur 1967 et 1968 ; j'y avais tapé un contrat pour Jacques Anquetil et un pour A que Johnny. J'habitais au 9 de la rue Campagne première, porte C porte 8 au rez de chaussée, chambre allouée avec la loge, puis quand mes Grands-Parents sont partis à la retraite dans le Berry, j'ai occupé la porte 7 juste au dessus de chez mes amis Odette et Maurice. Maurice que je revois des fois quand je fais mes escapades parisiennes. Quand j'ai connu Maurice, j'avais une douzaine d'années, lui vingt quatre. Bien qu'il ne faisait pas les choses comme tout le monde, mes Grands Parents l'aimait bien.
 
Photo Peter





Une pièce ; à gauche le tableau électrique, une armoire à une porte avec glace, une cheminée de marbre, si je me souviens bien assez foncée, il se pourrait même qu’elle fut noire, un petit pan de mur avec suspendue une petite armoire à pharmacie dont j’avais habillée la porte vitrée avec un tissu à carreaux à dominante rose. Puis l’évier à un seul bac bien sûr et un petit plan de travail avec un réchaud à deux becs (je ne sais plus s’il était électrique ou à gaz). Pour cacher un peu la misère sous le plan j’avais mis un rideau froncé du même tissu que celui qui occultait le petit fouillis de ma petite armoire à pharmacie. Puis un pan de mur contre lequel se tenaient une table à volets et une chaise assez imposante qui faisait coffre et petit escabeau. Et pour finir le lit avec cosy suspendu et au-dessus un lit superposé avec petit matelas mousse. Je voulais une pièce claire et propre et malgré la baie vitrée assez grande au dessus du coin cuisine mais elle donnait sur les toits des ateliers du sous sol. J’étais donc allée chez le marchand de couleurs de la rue pour acheter un grand pot de peinture blanche, un ou deux pinceaux et un rouleau. Je me rappelle bien, pour en avoir été gênée, avoir décapé le parquet à l’alcali et ensuite l’avoir réencaustiqué. C’est la propriétaire qui a du être contente quand elle a voulu relouer la chambre après mon départ.



Comme dans la chanson :



I love Paris in the spring time

I love Paris in the fall

I love Paris in the summer when it sizzles

I love Paris in the winter when it drizzles

I love Paris every moment 
Every moment of the year

I love Paris, why oh why do I love Paris

Because my love is Paris.



J'ai juste changé le mot de la fin. 
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Texte écrit en 2016 et peaufiné ce jour.