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vendredi 12 mai 2017

les Grandes Vacances

Aux temps bénis des vacances dans le Berry, j'étais petite fille de Paris.
Dans le hameau où demeuraient mes arrière grands-parents, les grands- parents de ma Maman, mon Papa avait acheté, à la sortie du hameau de Maimbray en direction de Cosne sur Loire, une vieille maison pour y venir en villégiature, avec mes grands-parents, les parents de ma Maman.

Cette vieille maison fut un estaminet. On y venait à pied, à cheval ou en voiture.
On y venait pour boire un coup. Il paraît qu'on y venait également, avant ou après avoir bu un canon, pour consommer tout autre chose. Les chevaux attendaient leur maître attachés à des anneaux au mur, car la patronne, paraît-il, était très avenante.
Il semble d'ailleurs que d'autres belles personnes y faisaient quelques passes.

Je l'aimais bien cette vieille masure. Elle était un peu notre château en Espagne. Elle donnait sur la route mais derrière, nous avions une petite prairie pour y chasser les sauterelles, y faire des galipettes et jouer à saute moutons.
Sur le chemin bordé de haies sauvages qui longeait notre petit et humble domaine,
nous y cueillions des mûres que nous mangions sur le champ, et nous rentrions à la maison, les lèvres et la langue toute bleues.


De l'autre côte de ce chemin, derrière la remise, se dressait « la petite chapelle ». Elle était désaffectée et peut-être la rare fois où nous nous sommes aventurées à entrer à l'intérieur, nous avions pu constater son délabrement ; il restait un ou deux vieux bancs en bois et quelques gravats. La petite chapelle est maintenant une maison d'habitation.



Un jour ce fut décidé, notre maison, cette presque ruine sera « Le Château  ». Outre le petit champ dans lequel nous jouions, se tenait une remise qui abritait nos jeux les jours de mauvais temps ; nous y faisons de la balançoire.
Entre « Le Château » et notre aire de jeu en plein air se dressait un puits duquel nous tirions l'eau indispensable à la vie de tous les jours : eau à boire, celle pour préparer les repas et pour faire notre toilette. En parlant de toilette, je me rappelle des bains, enfin plutôt, des douches que nous prenions dans un tub en zinc, la pomme de douche étant le renversement d'un broc d'eau, par l'un de nos parents, de Mémé ou même de Pépé.

Lorsque le temps le permettait, nous prenions les dîners dehors. Le soir, la table était dressée sous une lampe qui attirait toutes sortes d'insectes dont des moustiques. Le soir avant de nous coucher, mon Papa passait dans la maison un coup de Flytox et le lendemain matin, nous nous réveillions avec des moustiques morts dans nos lits et quelques gravats tombés du plafond.

Il y avait aussi les veillées au coin du feu qui crépitait gentiment dans l'âtre de la grande cheminée, pour les soirées fraîches de l'été autant que celles des vacances de Pâques. Je me rappelle qu'un soir, mon Papa lisait le journal et quand soudainement mon petit frère tomba dans la cheminée, il se précipita pour le relever en passant les bras au travers des dernières nouvelles.

Pendant que les grandes personnes s'affairaient à remettre le château en état, le plus urgent fut de faire des cabinets dans le jardin. Ah ! Les cabinets du Château ! Comme ils étaient plus récents que ceux de Marguerite et Patient, mes arrière grands-parents, il semblaient plus modernes, presque plus luxueux. Ils étaient construits en dur avec le toit en une seule pente et adossé à la remise, et le must est qu'il y avait un couvercle de vieux sceau hygiénique en émail blanc sur le trou de la planche ; c'était tout de suite mieux ; il y avait moins de vilaines odeurs. Le dévidoir de papier était un gros crochet en fil de fer dans lequel les pages d'un bottin de téléphone étaient accrochées.
Je disais donc que pendant que parents et grands-parents retapaient la maison, nous,
les enfants avions nos propres occupations.
Outre la cueillettes des mûres le long des chemins, nous allions voir nos arrière grands parents, Marguerite et Patient, chez qui notre cousine Nanou était également en vacances, plus on est, plus on s'amuse ; battre la campagne à plusieurs, c'est mieux.
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de gauche à droite : Ma cousine Nanou, moi, et mes arrrière grands-parents
Pour ce faire, nous nous dirigions vers La Petite Rivière 
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Sans doute pour des raisons de sécurité" la rambarde a été ajoutée, pas très chouette d'ailleurs.
que nous longions un court moment et que nous traversions sur une passerelle métallique, où quand elle était presque à sec, nous la passions à pied.
En face un chemin creux dans lequel nous ne nous sommes jamais aventurés. En chemin, il n'était pas rare que nous nous arrêtions dire bonjour chez une vielle tante, toujours habillée de noir de la tête aux pieds. Elle s'appelait Ernestine.
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Nous nous rendions souvent au canal voir les péniches passer l'écluse, quand nous-mêmes ne donnions pas un coup de main à l'éclusier pour la manœuvre d'ouverture ou de fermeture du sas. Quand nous poursuivions notre chemin, nous allions baguenauder sur les grèves de la Loire.
Certains jours, nous accompagnions le vacher du village pour aller garder les vaches sur les grèves, sur lesquelles nous nous piquions parfois les jambes sur les chardons qui y poussaient.

Cela m'amusait beaucoup car au passage du vacher devant chaque ferme, ces bêtes à cornes, pas si bêtes que cela, sortaient des cours de ferme pour former un beau troupeau sur le chemin ; le soir au retour et sur le passage , elles rentraient d'elles mêmes dans leur cour respective.

Les jours de pluie, nous enfilions nos imperméables, nos bottes en caoutchouc, et avec un chapeau sur la tête, nous allions à la chasse aux escargot dans le petit chemin en face du Château, celui qui menait à une source à laquelle nous allions chercher de l'eau dans des brocs posés sur notre brouette à ridelles, Mon Pépé les stockait dans un petit parc grillagé sous des planches et quand il y en avait assez , il se mettait en cuisine dans la remise. Les escargots dégorgeaient dans du gros sel pendant toute une nuit. Le lendemain, il les lavait bien puis les faisait cuire sur un vieux poêle à bois. Il, préparait son beurre aillé et persillé, remettait les petites bêtes dans les coquilles et les farcissait avec le beurre. Quel régal les bourgognes de Pépé !

Lors de nos balades, nous passions à chaque fois devant chez le maréchal ferrant, Nous regardions le ferrage des gros chevaux de trait utilisé à ce moment là dans les campagnes, J'avais toujours peur quand le maréchal ferrant posait le fer chaud sur le sabot du cheval dégageant de la fumée, que la bête n'en souffre. Juste à côté de cet endroit, il y avait la petite maison de Gabrielle, une petite vieille, toute gentille qui faisait des jours entiers près de sa fenêtre, du rococo de mercerie. Elle cousait sur de petits mais longs rubans de petites fleurettes de couleur qu'elle formait avec d'autre petits rubans.

Nous allions souvent aussi voir Marie, qui tenait l'épicerie et le café du hameau.
Nous y allions chercher du café que nous aimions bien moudre nous-mêmes avec un énorme moulin à manivelle ; on achetait également du poivre qu'elle passait dans un moulin semblable à celui du café et l'odeur nous piquait le nez. Nous y allions aussi pour y acheter toute autre chose. Quelques corvées nous étaient destinées ; celles d'aller chercher le lait et les œufs, soit chez Gisèle et Riri qui avaient une grande ferme située dans le hameau, près du café de Marie ou chez Louisette qui en avait une plus petite située un peu plus loin que « le Château », un peu plus en campagne.
Nous aimions aller chez Gicèle et Riri voir les veaux nouveaux-nés et je me souviens d'avoir vu chez Louisette, un vétérinaire mettre son bras dans le derrière d'une vache, à cause d'un problème de mise à bas.

De l'autre côté de la route, juste après le petit chemin qui menait à la source, il y avait le lavoir. Un lavoir tout simple, non couvert, juste une planche en une de ses rives. Nous y allions laver notre linge sale en famille en portant draps et torchons dans une grande lessiveuse posée sur notre brouette à ridelles. Cette brouette avait beaucoup d'utilité. Pour fumer le petit potager de Pépé, qui devait se composer de seulement quelques salades, nous partions avec la brouette dans les chemins ramasser du crottin de cheval avec une pelle à cendres.
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Le dimanche matin était consacré à la messe et nous nous rendions au village de Beaulieu pour y assister dans le bel intérieur de l'Eglise Saint Etienne. Je crois me rappeler que toute la famille s'y rendait à pied, à seulement un peu plus de deux kilomètres. Je me rappelle aussi que nous allions chez la famille du fils de l'ancien patron de mon arrière grand mère qui fut le médecin du village. Une famille simple et charmante, accueillante dans leur jolie maison « Les Tilleuls ». 


Lorsque nous autres, les enfants, voulions aller faire un tour au village, nous y allions pedibus jambus ou nous faisions, quand l'occasion s'en présentait, de la charrette stop. Nous passions devant une porcherie qui laissait dégager une forte odeur de soue et de purin.
Chaque quatorze juillet, le feu d'artifice était tiré au village sur les bords du canal qui passe tant au village que près du hameau de Maimbray.

Je n'oublie pas les repas en famille, soit au Château, soit chez Marguerite et Patient.
Les dîners friture, petits poissons pêchés souvent par mes cousins Yves et Gérard,
les dîners œufs à la coque pour lesquels mon arrière Pépé était avec plaisir de corvée pour faire les mouillettes. D'une grande miche de pain, avec un couteau qui coupait bien et son handicap du bras droit, il tirait des mouillette bien droites et bien calibrées. Je me souviens aussi des soupes au lait et à l'oseille et des petits chaussons fris à la viande de mon Tonton, le Papa de ma cousine Nanou.
Mon arrière Mémé nous concoctait de délicieux civets de lapin.  C'est au Château que nous faisions de presque orgies d'escargots.

Notre petite troupe se composait de ma sœur, de Sylviane, (son père travaillait à l'écluse), de Nicole, la fille de Gisèle et Riri et de ma cousine Nanou, Peut-être avons nous aussi chaperonné mon petit frère, quand il fut un peu plus grand.

Ah ! Quelles étaient belles mes grandes vacances de petite parisienne, dans la campagne berrichonne, ! A part les parties de pêche en bord de Loire au cours desquelles je j'ennuyais  à mourir, je n'ai que de bons souvenirs de ce temps béni des grands vacances dans le Berry.

Pour nous y rendre : voyage en train



Note  1 : Ma cousine Nanou est intervenue quelque peu sur ce texte,
surtout pour corriger mes fautes d’inattention,
que je ne voyais même pas en me relisant.
Je lui avais soumis ce texte pour qu'elle me dise ce qu'elle en pensait ;
elle m'a dit s'être replongée dans ses vacances.

Note 2 : En 2010 et 2014 en juin, j'ai revu Nicole
et sa jolie Maman, Gisèle.
Nicole tient le café, le restaurant et le petit Hôtel du hameau.
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06,2015
texte resté à l'état de brouillon.