Voici
une partie de ma vie dont je n’ai pas trop encore parlé, je crois.
C’est
avec beaucoup de regrets que j’ai quitté Paris, je devais avoir 10
ans.
Mon
Papa travaillait à Juvisy sur Orge, dans une usine qui fabriquait
des pinces à souder. L’usine donnait sur la Nationale 7-.
Sa
Belle Mère habitait Savigny sur Orge depuis de nombreuses années,
je veux parler de ma Mémé Virginie, seconde Epouse de mon Pépé
paternel.
Mon Grand Père Paternel, Emile,
sa première Epouse et mon Papa.
49, rue Danton
.
De
Paris, nous allions à Savigny pour lui rendre visite et des fois
pour y rester dormir, ma sœur et moi.
Sans
doute la vie Parisienne ne convenait plus à mes Parents et ils
trouvèrent un beau pavillon à acheter à Savigny sur Orge, rue des
Chardonnerets, ce qui nous a rapprochés de ma Mémé Virginie.
Mon
Papa se rendait à son travail en bus qu’il prenait pas loin de
notre pavillon, Place de la République. Nous habitions Savigny le
Haut. Puis il y alla en voiture, sa toute première, une Dina Panhard
d’un beau bleu ciel avec de jolis chromes, permis de conduire
obtenu sur une 4CV.
Finis
les cours de danse classique dans le Passage des Panoramas à Paris,
finie l’Ecole primaire au 111 de l’avenue Parmentier dans le XIIè
non loin de notre immeuble du 129 -.
Notre
pavillon avait été construit par notre voisin espagnol qui avait
également construit le sien, je crois me souvenir que cela datait
de 1932. Pavillon à un étage avec façade en forme de pignon tout
en pierres meulières, avec un petit lopin de terre derrière pour
cultiver quelques légumes. Je me souviens bien du cerisier bigarreau
et du prunier à quetsches, et d'une allée centrale longée de
pommiers en espaliers.
Photo
pavillon
Les
fenêtres et les volets métalliques, ainsi que la grille avec le
portillon et le portail du garage en sous sol étaient verts, comment
dire… un vert d’eau. Une fenêtre à l’étage et les deux du
séjour au rez de chaussée, Devant une des fenêtre il y avait un
arbre dans un carré de pelouse,il me semble que c’était un
acacias ou peut-être un orme. L’entrée du garage était à
droite, le portillon à gauche. Une allée menait au perron puis elle
se poursuivait derrière la maison.
L’Ecole
primaire était tout à côté de la maison, une entrée pour les
garçons où allait mon petit Frère et une plus loin, l’ entrée
pour les Filles. Cette entrée donnait sur une petite place ou se
trouvait l’Église dans laquelle j’ai fait ma première
Communion, et une petite boutique où nous allions chercher quelques
fournitures scolaires, des Malabars, des Carambars et des Mistrals
Gagnants.
Dans
la rue des Chardonnerets, tout près de la maison, il y avait le
bâtiment de la Sécurité Sociale et derrière, le marché à moitié
ouvert et à moitié couvert, c’est à dire que chaque rangée
d’étals avait un toit. En face la maison s’était installé un
photographe chez qui notre chat Pompon allait dormir dans la vitrine quand celle-ci donnait plein soleil,
et où nous allions faire faire nos photos d’identité. Est-ce lui
qui avait fait ma photo de communiante, il se pourrait.
Le
Dimanche matin, nous allions à la messe. Petite Eglise moderne avec
des Curés modernes également ; rien à voir avec celui de la
Paroisse Saint Joseph à Paris et encore plus si je puis dire avec
celui d’ici qui m’a guérie de continuer à aller à l’Église,
celui de la ville où nous sommes arrivés en Sarthe. Comment pourrais-je le définir ? Par rapport à ceux de Savigny, il faisait un peu Curé vieille France.
Nous
retrouvions des copains qui eux étaient beaucoup moins sérieux que
nous, je parle de ma sœur et moi et aussi de quelques copines. Nous
y allions plus pour se retrouver que pour suivre la messe.
Nous
nous rendions souvent au 49 rue Danton, là où habitait notre Mémé
Virginie, mon Pépé Emile disparu trop tôt et leur fils, le demi
frère de mon Papa, mon Tonton René, qui savait bien nous
enquiquiner quelque peu. Je me souviens bien aussi de Lucienne (Lulu)
qui était aussi assez souvent chez ma Mémé Virginie, car étant
aussi de la famille, mais là c’est un peu compliqué.
Mes
années d’école primaire passées, j’allais au Collège Paul
Bert à bicyclette, situé entre Savigny le Haut et le bas de la ville.
Je me souviens de mes
Copines de Classe, tant à l’Ecole Primaire qu’au Collège :
Michèle, chez qui j’étais allée une fois -je connaissais bien
ses Parents – si je me souviens bien leur cuisine était peinte en
noir et les meubles en stratifié étaient rouges, Hélène avec qui
je faisais des « concours » à celle qui aurait la
meilleure note en classe, Françoise qui s’était cassé les deux
dents de devant avec son tendeur à vélo, et Fanfan, la rigolote.
Du
temps où j’étais à Savigny, je suis allée deux fois en colonie
de vacances, la première fois sur l’ïle de Berder dans le
Morbihan, la seconde dans un séminaire à Beaupréau dans le 49 -.
J’y avais retrouvé mes camarades d’Ecole, qui, pour la seconde
colonie, m’avaient un peu forcée la main, ce qui avait obligé ma Maman à me laver du linge de rechange en vitesse. Ces deux colonies de
vacances étaient sous la houlette des Soeurs Bénédictines qui
s’occupaient de la paroisse, dont une avec qui je n’avais pas
d’atomes crochues.
Sur le parcours de chez nous à chez ma Mémé Virginie, je
m‘arrêtais dans une sorte de Maison de la Presse pour acheter une
revue sur le Cinéma, Je découpais les photos de mes actrices et
acteurs préférés et je les collais dans un cahier.
Je me souviens également mais vaguement de nos tours en patins à
roulettes d’un bout du jardin à l’autre, avec mon petit frère,
avec qui je jouait également aux billes sur le trottoir. Comment
faisions nous déjà ? Un de nous deux tirait l’autre accroupi
sur ses patins, mais le tracteur était-il sur les siens ou
courait-il tout simplement ? Comment nous tractions nous ?
Par les mains en arrière ou à l’aide de quelque chose ?
J’avoue ne plus m’en souvenir.
Nous avions été de corvée pour repeindre la clôture et Papa avait
instauré à l’aide d’un dessin, des gerbes de blé, et d’un
tableau, les petits travaux auxquels ma sœur et moi étions
destinées. Selon le travail effectué (mettre la table ou faire la
vaisselle), nous avions droit à une petite pièce ; je crois
que la vaisselle était plus rémunératrice.
Que dire encore ?
Nous n'étions pas loin de l'aéroport d'Orly et quand un avion passait au dessus de la rue qui partait un peu en pente, on avait l'impression que l'avion atterrissait au bout de la rue. Au début où nous habitions notre pavillon, les nuits furent dures à cause du bruit puis nous nous y sommes habitués.
Notre voisin Espagnol aimait bien regarder le catch à la télévision
et on savait très bien quand il y avait du match à la télé car
aux beaux jours, il s’installait sur sa petite terrasse avec la
fenêtre grande ouverte, il vivait ce qu’il voyait. Bien souvent,
Carmen, sa fille nous invitait ma soeur et moi à profiter du
spectacle, car il n’y avait pas de poste de télévision à la
maison.
Je me souviens des soirées estivales, jusqu’à la nuit, que nous
passions assises le trottoir de la rue pour papoter avec les enfants
de voisins qui venaient en vacances dans une petite maison
pratiquement en face de chez nous.
Et puis un jour, mes parents nous annoncèrent que nous allions
déménager dans la Sarthe. Je ne sais plus si je savais qu’on y
mangeait des rillettes mais je savais qu’il y avait une course de
voitures au Mans, puisqu’en 1958, nous avions été mis au courant
par la radio du terrible accident survenu devant les tribunes.
Puis ma vie s'en suivit, coupée en deux dont la seconde partie est la meilleure.
Je n'oublie rien de mon passé, j'aime à m'en souvenir.
***