Je suis née petite
fille de Paris, en l'an 1948. Mes parents m'ont fait naître en
plein mois de janvier, en hiver donc, moi qui suis plutôt la fille
du Dieu Soleil que la Reine des Neiges. Je suis un mix de rillettes
sarthoise et de beurrée berrichonne. J'ai vu le jour dans le onzième
arrondissement de la plus belle ville du monde, sans doute à
l’Hôpital Trousseau.
Bien évidemment, je ne
puis me remémorer ma période bébé joufflu et potelé et ai très
peu de souvenirs de l'appartement pour ainsi dire pas du tout, appartement que nous occupions au 97 de la rue
de Charonne, porte B à gauche dans la cour arborée, au sixième
étage. Par contre je me rappelle bien de celui de ma Mémé
Marguerite et de mon Pépé Jean, qui, eux, demeuraient dans le même
immeuble au troisième, sans doute parce que nous y étions fourrées
assez souvent, ma sœur et moi.
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L'immeuble du 97 est
situé en face du bâtiment de l'Armée du Salut et entre lui et la
rue Faidherbe , il y a l'Impasse Franchemont où tout au bout de cet
impasse à droite, vivaient ma Tante Suzanne, la sœur de ma Mémé,
son mari, mon oncle Henri et mes deux cousins, Yves et Gérard, dans
un appartement très modeste.
Chez ma Tante et mon
Oncle, je me rappelle des tournées de crêpes ; je ne sais plus
si c'est ma Tante qui faisait la pâte, sans doute que oui, mais c'est mon Oncle qui
cuisait et retournait d'un geste précis les crêpes, un Louis d'Or dans la main.
Quand je fus en âge
d'aller à l'école, Maman nous accompagnait à l'Ecole Saint
Bernard dans la rue du même nom.
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A gauche 1er rang, pas à la table ronde,la petite joufflue au gilet à carreaux |
Puis, et sans doute à
cause de la naissance de mon petit frère, nous déménageons avenue
Parmentier, au 129 -. Bel immeuble doté d'une belle porte cochère ;
notre appartement était situé au quatrième étage, sans ascenseur,
tout comme rue de Charonne d'ailleurs.
Contrairement à notre
ancien appartement, je me souviens bien de celui de l'avenue Parmentier.
Il était composé d'une entrée assez réduite, d'une petite cuisine
à droite, d'un séjour que mon Papa avait agrandi en prenant sur un
couloir qui allait de l'entrée à la salle d'eau, après avoir découpé
la cloison dans son pourtour et poussé celle-ci contre le mur du dit
couloir ; la chambre de mes parents dans laquelle donnait la porte de
salle d'eau tout en longueur, équipée d'un seul lavabo et de
toilettes ; mon petit frère dormait dans la chambre de mes Parents
et ma sœur et moi avions une chambre commune. Nous disposions d'une
cave dans laquelle le charbon était entreposé pour les quelques
poêles au moins deux, seuls moyens pour chauffer l'appartement. Toutes les fenêtres de celui-ci donnaient sur une cour. Par celle de la cuisine, sur des chaises posées sur la table, nous regardions le feu d'artifice de chaque 14 juillet, bien évidemment quand nous étions à Paris ce même mois.
Ma sœur dormait dans
un lit normal avec cosy et moi dans un divan que l'on transformait
tous les soirs, avec l'aide de mon papa, en lit, bataille de polochons
à la clé et que le matin, ma Maman remettait en version divan.
C'est dans ce petit lit que je lisais la Comtesse de Ségur et le
Club des Cinq avant de m'endormir, en compagnie de mon Nounours
adoré, Martin.
Notre Ecole, située au
111 n'était pas très loin, nous nous y rendions à pied. Entre
l'Ecole et notre immeuble, je me rappelle de quelques commerces, tels
un magasin dans lequel ma Maman m'avait acheté des plumes
« Françoise » car j'étais incapable d'écrire avec les
« Sergent Major » sans faire de gros pâtés, ce qui
déplaisait fort à ma maîtresse ; un crémier qui vendait du beurre en motte et de la crème au détail, une boulangerie ou
nous achetions chaussons aux pommes ou palmiers bien dorés pour nos
quatre heures et un coiffeur dans la vitrine duquel je reluquais une
barrette ronde extensible et dorée que j'aurais bien voulu avoir
pour attacher ma queue de cheval.
Il n'était pas rare certains Dimanche,
que mon Papa allait acheter des croissants dans la boulangerie située
en face, de l’autre côté de l’avenue, pour nos petits déjeuners
dominicaux, boulangerie qui en 2010 était toujours en place.
Notre immeuble était
situé entre deux cafés, d'un côté entre le café et l'immeuble il
y avait un fleuriste. Le jour où je fus atteinte d'un abcès à la
gorge, un des cafés, celui après le fleuriste, nous est venu en aide en nous procurant un
siphon d'eau de Seltz, prescrit par notre médecin Traitant.
La vie au 129 de
l'avenue Parmentier s'écoula entre école, messes du Dimanche à
l'Eglise Saint-Joseph, les jeudis après midi à l'Alhambra pour le
spectacle « Les Beaux Jeudis » animé par Jean Nohain. Ah
que de bons souvenirs ! Ray Ventura et son Orchestre, Fernand
Raynaud et Achille Zavata, souvent accompagné de son clown blanc. Ou alors, nous allions au patronage dont
les locaux étaient situés de l'autre côté de la rue du Faubourg du
Temple, de là, nous allions souvent passer la journée aux Buttes
Chaumont ; on y jouait aux gendarmes et aux voleurs.
Ma sœur et moi allions
aux cours de danse rythmique qui se tenaient dans le préau couvert
de l'école et aux cours de piano qui avaient lieu le dimanche après
la messe, également dans notre école. Nous avons abandonné le
piano mais pas la danse.
Nos Parents nous
emmenaient au cinéma, au Palais de Glaces (qui maintenant est un
théâtre) en bas de la rue du Faubourg du Temple ; je me
rappelle bien du film « Les Lavandières du Portugal, avec Jean
Claude Pascal et Anne Vernon.
Rue du faubourg du
temple se tenait un marché, nous y rencontrions des fois l'animateur
du jeu radiophonique de France Inter, le jeu des mille francs,
Lucien Jeunesse, qui habitait cette rue. Plus haut en remontant sur
Belleville, il y avait un magasin, genre monoprix, Dimax où Maman
nous achetait des caramels mous. Je suis passée devant il n'y a pas
si longtemps .
Je ne veux pas oublier les visites du musée Grévin que j'affectionnais tout particulièrement.
Puis les années
passant, je me souviens aller avec ma soeur au cours de danse classique dans le
passage des Panoramas sur les grands boulevards, pour y faire des
pointes, des ronds de jambes et des entre-chats. Nous avions donné
un spectacle à la salle d'Iéna, ma sœur en tutu blanc et chaussons de
pointe, moi en tunique en tissu satinée bleu ciel avec une ceinture en
velours bleue nuit et des ballerines blanches. Ma soeur avait dansé sur l'air de la chanson "Deux petits chaussons de satin blanc" du film de Chaplin, "Limelight", et moi, sur l’air de la
chanson d’Henri Salvador, « le Loup, la Biche et le
Chevalier ».
Parallèlement à tout
cela, nous allions
Rue où mes Grands-Parents
tenaient une loge au n° 9, car entre temps, devant le malheur qui
avait frappé le frère de ma Mémé. Mon Tonton, que nous enfants, appelions Tonton Parrain, car il était le parrain de ma Maman
et surtout pour le différencier de mon Oncle Henri, car ces Tontons
se prénommaient tous les deux Henri, mes Grands-Parents lui sont venu en aide.
Mon Tonton avait perdu
sa femme d'un cancer. Ma Tante Jeanne tenait la loge du 17 de cette
même rue et mon Tonton travaillait à l'extérieur, je crois aux
Phares et Balises. Quand il s'est retrouvé seul avec sa petite fille
de 10 ans, ma cousine Nanou, il lui était impossible d'assumer le
17, aussi mes Grands Parents, le cœur sur la main, ont quitté
travails respectifs et la rue de Charonne pour venir en aide à mon
Tonton. Ma Mémé était couturière et mon Pépé électricien.
l'ancienne loge du 17 |
Nous y allions souvent
au 9 passer les journées du Dimanche ; je me souviens des repas
de Noël qui se terminaient en général par des parties de Nain
Jaune ou de roulette au cours desquelles mon Pépé misait des
centimes de francs pour nous faire plaisir.
C'est de là que nous
nous rendions au Jardin du Luxembourg, Ma sœur, ma cousine Nanou et
moi :
Balançoire, friandises
achetées dans les kiosques à bonbons, tours de manège, patins à roulettes et séances
de théâtre, avec Guignol et belles marquises.
La vie s'écoulait
ainsi et malgré mes dix ans, elle me plaisait beaucoup. Un jour pour
Noël ma sœur et moi avions eu un superbe landau chacune et nous
promenions notre baigneur sur le trottoir de l'avenue Parmentier,
tout comme nous accompagnions notre petit frère quand il faisait de
la voiture à pédales, une 2cv grise avec pédalier à chaîne, s'il
vous plaît !
Puis un jour, sans
doute lassés par la vie parisienne - mon Papa travaillait sur la
Nationale 7 à Juvisy en banlieue, mes parents nous annoncèrent
notre déménagement pour un pavillon à Savigny sur Orge où
habitait depuis de longues années déjà, mon autre Mémé,
Virginie.
Adieu, donc Paris !
Et tout ce qui allait avec. Une nouvelle vie commençait tout comme
celle d'après quand nous déménagerons une nouvelle fois pour la
Campagne Sarthoise. Mais mon cœur appartient toujours à Paris, où
je retourne de temps en temps, pour mon plus grand plaisir, pour
retrouver mes racines, pour me ressourcer car la Seine coule dans mes
veines, à croire que Paris, Ma Ville, est dans mes gènes.
Avant cela, j'y étais
retournée travailler en tant que steno-dactylo dans une société de
crédit, rue du Cirque, une année à cheval sur 1967 et 1968 ;
j'y avais tapé un contrat pour Jacques Anquetil et un pour A que
Johnny. J'habitais au 9 de la rue Campagne première, porte C porte 8
au rez de chaussée, chambre allouée avec la loge, puis quand mes
Grands-Parents sont partis à la retraite dans le Berry, j'ai occupé
la porte 7 juste au dessus de chez mes amis Odette et Maurice.
Maurice que je revois des fois quand je fais mes escapades
parisiennes. Quand j'ai connu Maurice, j'avais une douzaine d'années,
lui vingt quatre. Bien qu'il ne faisait pas les choses comme tout le
monde, mes Grands Parents l'aimait bien.
Une pièce ; à
gauche le tableau électrique, une armoire à une porte avec glace,
une cheminée de marbre, si je me souviens bien assez foncée, il se
pourrait même qu’elle fut noire, un petit pan de mur avec
suspendue une petite armoire à pharmacie dont j’avais habillée la
porte vitrée avec un tissu à carreaux à dominante rose. Puis
l’évier à un seul bac bien sûr et un petit plan de travail avec un
réchaud à deux becs (je ne sais plus s’il était électrique ou à
gaz). Pour cacher un peu la misère sous le plan j’avais mis un
rideau froncé du même tissu que celui qui occultait le petit
fouillis de ma petite armoire à pharmacie. Puis un pan de mur contre
lequel se tenaient une table à volets et une chaise assez imposante
qui faisait coffre et petit escabeau. Et pour finir le lit avec cosy
suspendu et au-dessus un lit superposé avec petit matelas mousse.
Je voulais une pièce claire et propre et malgré la baie vitrée
assez grande au dessus du coin cuisine mais elle donnait sur les toits
des ateliers du sous sol. J’étais donc allée chez le marchand de
couleurs de la rue pour acheter un grand pot de peinture blanche, un
ou deux pinceaux et un rouleau. Je me rappelle bien, pour en avoir
été gênée, avoir décapé le parquet à l’alcali et ensuite
l’avoir réencaustiqué. C’est la propriétaire qui a du être
contente quand elle a voulu relouer la chambre après mon départ.
Comme dans la chanson :
I love Paris in the
spring time
I love Paris in the
fall
I love Paris in the
summer when it sizzles
I love Paris in the
winter when it drizzles
I love Paris every
moment
Every moment of the year
I love Paris, why oh
why do I love Paris
Because my love is
Paris.
J'ai juste changé le
mot de la fin.
***
Texte écrit en 2016 et peaufiné ce jour.
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Texte écrit en 2016 et peaufiné ce jour.